"C'est la victoire de ceux qui voulaient que le savoir reste libre", a déclaré hier le ministre français de la Recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg. Ainsi a-t-il qualifié, avec des accents gaulliens, la performance du consortium de laboratoires publics, talonné par la société privée Celera, dans la course à la séquence de l'ADN humain. Dans cette bataille, la contribution de la France, qui avait réalisé les cartes indispensables à ce travail de séquençage, a pourtant été modeste par rapport à celle des "alliés" américains et britanniques: sous la direction du généticien Jean Weissenbach, le Génoscope a séquencé - en l'espace d'un an et demi - la majeure partie du chromosome 14, qui représente seulement 3% du génome humain. Dans ce contexte de disparité de production, le partage de la connaissance de l'ADN est crucial pour le progrès de la science. Va-t-on vers une entente internationale sur les brevets en génétique? Entretien avec le ministre de la Recherche.
Le président Clinton a appelé à une conférence sur l'éthique dans le domaine de la génétique. Souhaitez-vous également une telle réunion?
Avant même cette déclaration, j'ai réuni à Bordeaux, jeudi et vendredi, des biologistes et des juristes de douze pays, dont des spécialistes américains pour réfléchir ensemble à des principes éthiques et à des règles juridiques qui seraient harmonisés au plan international pour accompagner et réguler ces progrès de la science.
Le séquençage a soulevé la question de la propriété intelle