Le Web serait-il le judo du pauvre? C'est ainsi que les "antimondialisation" utilisent l'une des forces créées par leurs "adversaires" pour la retourner contre eux. Brocardée ou diabolisée, la globalisation "néolibérale" a, au moins, ce mérite: généraliser les technologies de l'information. "Sans site, sans adresse e-mail, on n'est que des fantômes dans les oubliettes du mouvement", dit un militant. "Il faut en passer par là", sourit François Dufour, de la Confédération paysanne. Sur son site, le syndicat va jusqu'à se présenter en espéranto. Façon: "Por kamparana kaj dauxrkapabla agrikulturo en solidara mondo."
"L'Internet a un double avantage: faire circuler des informations, aiguiller des messages", résume la Kenyane Njoki Kehru, directrice du réseau 50 Years is Enough (350 associations), qui milite pour un "nouvel ordre mondial financier". Elle dit aussi: "L'Internet a désenclavé les luttes. Avant, elles étaient sectorielles. Maintenant, on pense global et on tente d'apporter des réponses locales." L'inverse des années soixante-dix. Une toile d'araignée se tisse sur la Toile. Et enfle.
Effet boule de neige. Les Amis de la Terre totalisent ainsi un million de membres dans 60 pays. "C'est le réseau le plus fréquenté au Sud", assure Hélène Ballarde. Les stratégies s'y dessinent, les tactiques s'y élaborent, les pressions s'y décident. Dernière en date: une action alert, une action de vigilance internationale. La cible: l'OCDE (Organisation pour la coopération