Débordé, le vigile. Face à lui, sur le perron de la mairie du Ve arrondissement à Paris, ils sont une trentaine, tous handicapés. Au pied des marches, le petit groupe déploie des bâches, pose des rampes d'accès en bois et ponctue son chantier symbolique de plots de signalisation. Ils chantent aussi, un seul refrain : "Accéder, c'est exister." Accéder aux bâtiments publics, aux musées, aux transports, "partout, comme tout le monde", revendique Patrice, directeur adjoint de l'APF (Association des paralysés de France), dans un fauteuil roulant. Mais en face du Panthéon, la mairie de Tiberi n'est accessible que par la grande porte, par le très bel escalier classé aux Monuments historiques. Le vigile se contente de lui répéter ce qu'on lui a dit de répéter, qu'"il y a une entrée réservée aux "gens à mobilité réduite", juste derrière, à vingt mètres".
Un discours qui met Patrice hors de lui. "C'est une entrée de livraison. On doit passer entre les cartons avant d'accéder aux guichets. Les fastes, c'est toujours pour les autres. Mais ailleurs, c'est pire. Parfois on nous fait passer entre les poubelles, ou par une porte dérobée et fermée. Evidemment, la clé est perdue depuis des mois. Nous sommes victimes d'une forme d'exclusion, et c'est pour ça qu'on est là." Et c'est pour ça que l'APF a organisé cette journée d'action à Paris et dans 52 autres villes de France. Pour mieux signifier ces galères quotidiennes, les commandos de l'APF se sont déployés devant des bureaux de poste à Nic