Libération a pu assister, la semaine dernière, à une commission d'appel d'orientation de fin de troisième. Dans une salle de classe, une trentaine de collégiens ont plaidé leur cause, souvent accompagnés de leurs parents. Une partie des requérants sont issus du collège A, dans un quartier bourgeois. Le niveau scolaire y est plutôt élevé. Tous les appels concernent des décisions de redoublement. A l'autre bout de la ville, le collège B recrute principalement dans les quartiers d'habitat social. Chaque année, près de la moitié des élèves de troisième sont orientés vers la filière professionnelle. La commission consacre environ dix minutes à chaque cas. Avant d'entendre la famille, le président donne lecture du livret scolaire. Immédiatement après l'audition de l'élève et de ses parents, la commission délibère et vote, à main levée, pour telle ou telle orientation.
Carole: "Redoubler, ce serait une défaite" "Carole est pleine de bonne volonté mais elle a d'énormes lacunes", prévient son professeur principal. La collégienne n'avait été admise en troisième que de justesse. Toutes ses notes sont en dessous de la moyenne. Le redoublement doit lui permettre "de retrouver un nouveau souffle". L'adolescente entre, en compagnie de ses parents. Tee-shirt blanc et jean baggy, très pâle, très triste, c'est une grande fille timide qui traîne sa puberté comme un fardeau. La voix tremblante, le père plaide: "En préambule, je veux souligner que nous cherchons d'abord le bien de l'enfant. Vous