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Libération

A Stains, la réinsertion sur un plateau

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En Seine-Saint-Denis, des jeunes déscolarisés montent un spectacle.
par Katia CLARENS
publié le 30 juin 2000 à 1h59

Karine est heureuse. Sur la scène du théâtre Paul-Eluard de Stains (Seine-Saint-Denis), son visage s'illumine sous les applaudissements. Belle du haut de ses 15 ans avec cette joyeuse ingénuité qui la caractérise, Karine est déscolarisée. Abandonnée par sa mère, elle vit dans une famille d'accueil.

Autour d'elle, ils sont une cinquantaine à saluer. Ce soir, on les reconnaît en tant que chanteurs, danseurs, percussionnistes ou peintres. Leur spectacle s'appelle Ma vie, ma ville. Ils sont mineurs, sous mandat judiciaire ou administratif, et réputés difficiles. Bryan et Louis ont fui la Sierra Leone, cachés dans un avion. Ils ont été arrêtés à l'aéroport. D'autres viennent du Burundi ou du Rwanda. Tous souffrent de carences affectives et psychologiques. Mais ce soir, ils rayonnent: "Au début, c'était dur, je ne savais pas si j'y arriverais, il m'arrivait même de pleurer! raconte Karine. Maintenant, ça m'apporte de la joie. En plus j'ai appris à connaître d'autres cultures et je me suis liée avec le groupe. C'est magnifique!" Bryan, Louis, Ionna et Séverine confirment, ils sont "trop contents".

Reconnaissance. Au départ, il y a Charles Sztulcman, éducateur de la Protection judiciaire pour la jeunesse (PJJ), et sa question: comment réinsérer ces jeunes? Pour eux, le dispositif de droit commun (Education nationale) n'est pas adapté. "Il fallait leur offrir quelque chose qui ne soit pas, comme ils disent, de "la daube", explique Charles, quelque chose qui, pour une fois, ne les mette