La révision de la loi Veil, annoncée à plusieurs reprises, ne sera certainement pas présentée en juillet, comme l'avait promis Martine Aubry. Le gouvernement, visiblement peu pressé d'engager le débat, semble aujourd'hui tétanisé. Il ne voulait pas se "farcir une guerre de religion avec la droite et les cathos", selon les termes d'une députée socialiste. Mais les réticences ne sont plus seulement politiques: elles sont, depuis peu, "éthiques". Il y a deux mois, le professeur Nisand, auteur d'un rapport sur "les difficultés que rencontrent les femmes amenées à avorter", a envoyé un courrier à Martine Aubry pour lui signifier son opposition à l'allongement des délais, qui peut déboucher, selon lui, sur une forme d'eugénisme: "On peut penser que certaines femmes oseraient demander une IVG pour une malformation mineure curable ou un sexe qui ne conviendrait pas puisque, désormais, on est en mesure de les détecter très tôt", a notamment explicité le professeur.
D'abord furieuse de la volte-face de celui qui était devenu sa caution médicale, Martine Aubry a fini par partager l'inquiétude d'Israël Nisand. Il ne serait donc plus question d'autoriser les femmes à décider librement d'une IVG entre la dixième et la douzième semaine, comme le font la plupart de nos voisins européens (1). Le maintien de cette différence serait justifiée par l'avance de la France en matière de dépistage anténatal. Le ministère réfléchit à une "autre solution" afin d'éviter que 5 000 femmes hors délai se re