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Libération
Interview

""Si elles décident seules, ce sera une hécatombe.""

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publié le 30 juin 2000 à 1h59

Le professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien à Strasbourg, est l'auteur du rapport sur l'IVG "pour diminuer les difficultés rencontrées par les femmes" remis en 1999 à Martine Aubry. A l'époque, favorable à l'allongement du délai, il avait fait l'objet de menaces de mort de la part de lobbies catholiques antiavortement.

Pourquoi avez-vous changé d'avis sur la question du délai?

J'ai toujours eu ces inquiétudes éthiques. Il faut prendre en considération, au cas par cas, la situation des femmes hors délai. L'IVG n'est pas un droit mais une liberté. Passé le délai de dix semaines, ça doit être une liberté conditionnelle. En Alsace, on utilise l'échographie en trois dimensions, qui permet de déceler des malformations minimes ou le sexe de l'enfant dès la 11e semaine. Bientôt, ces appareils ne coûteront que 200 000 F. Tout le monde y aura accès. A l'Assemblée nationale, au ministère de l'Emploi, on m'a demandé de me taire. Mais on n'est pas à Moscou. Face à une femme qui est à 12 semaines, je veux décider en mon âme et conscience: si elle est dans une démarche d'IVG, je procède à une IMG (interruption médicale de grossesse). Celle qui me dit "je voulais une fille et c'est un garçon", je lui demande d'aller voir ailleurs.

Vous pensez que les femmes sont inconscientes à ce point?

Vous ne connaissez pas la société. Chez une certaine bourgeoisie, dès qu'on le pourra, on sélectionnera le sexe de son enfant. Il y a des informations médicales qui tuent: sur 1 200 prélèvements pour