Le professeur Jacques Milliez est chef du service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Saint-Antoine à Paris et l'auteur de l'Euthanasie du foetus, paru chez Odile Jacob en 1999.
"S'adapter à la réalité". "Je comprends la position de Nisand mais je suis d'une opinion totalement contraire à la sienne. Quand les femmes demandent une IVG après dix semaines, c'est qu'elles n'ont pas le choix. Ce sont des adolescentes qui ne se sont pas aperçues qu'elles étaient enceintes, des patientes trimballées par d'autres médecins qui n'ont pas pris leurs responsabilités. Enfin, il y a toutes celles pour qui la grossesse devient impossible, souvent à cause d'une rupture. Il faut éviter ces drames, s'adapter à la réalité et allonger les délais. De toute façon, ce sont des IVG qui se font, à l'étranger ou en France, dans l'illégalité.
Quant aux craintes d'un eugénisme qui frapperait la France à cause de notre avance en matière de diagnostic, il ne faut pas se moquer du monde. Les Anglais sont aussi performants que nous, il y a même eu des expériences de "clinique du sexe" à Londres, et ça n'a jamais conduit à une hécatombe ou à un déséquilibre entre le choix d'une fille ou d'un garçon. La crainte de Nisand est purement théorique et sa vision de la femme assez choquante.
Moi je suis favorable à l'instauration d'un centre de référence par région qui présenterait toutes les garanties médicales et d'accueil pour effectuer ces IVG tardives. La loi Veil a 25 ans, il faut donc qu'elle évolue. Il ne