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Libération

Vivendi achète, mais ne paye pas.

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La mise en examen d'une filiale n'a pas empêché la cotation en bourse.
publié le 12 juillet 2000 à 3h03

Grace à Vivendi, l'escroquerie est enfin cotée en Bourse. Une filiale de l'ex-Générale des eaux (rebaptisée Vivendi), la Générale de chauffe (rebaptisée Delkia) est en effet mise en examen en tant que personne morale par le juge d'instruction Jean-Pierre Murciano. Normalement, les changements de nom de la mère et de la fille ne devraient pas suffire à effacer ce douloureux épisode: le prospectus d'informations boursières, validé par la COB (le gendarme de la Bourse), doit obligatoirement mentionner les litiges en cours et quantifier les dommages et intérêts potentiels. En l'occurrence, et selon une expertise judiciaire, la Générale de chauffe en est pour au moins 30 millions. Mais le prospectus est muet sur ce point: il ne fallait pas gâcher l'appel public à l'épargne de Vivendi Environnement (qui regroupe ses activités eau, chauffage, déchets et transports) par de basses contingences pénales. Dans un chapitre consacré à l'"éthique", Vivendi promet pourtant de "prévenir les risques d'infractions susceptibles d'engager sa responsabilité".

Succession. L'histoire de la Générale de chauffe est pourtant exemplaire: de l'art de racheter un entreprise sans la payer. Elle commence fin 1993, lorsque Jean Icart, président de la SA Bergeon, spécialisée dans le chauffage des lieux publics, envisage de prendre la succession de Jacques Médecin à Nice. Pour éviter tout soupçon de mélange des genres, il souhaite vendre ses filiales de la Côte d'Azur. La Générale des eaux est sur les rangs et