Lyon de notre correspondant
La fondation Mérieux est bien embêtée. Le préfet du Rhône vient de lui demander de se débarrasser de prélèvements sanguins stockés illégalement, retrouvés il y a cinq jours au P4, premier laboratoire européen pour l'étude des virus les plus dangereux. Le préfet venait de donner son feu vert pour l'ouverture officielle du labo. Mais des scientifiques ont dénoncé la présence de souches de virus importées d'Afrique dès septembre 1999 (Libération du 5 juillet). Le préfet a donc demandé une enquête à la Drire (direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement). Qui n'a pas duré longtemps: saisi le 5 juillet, l'inspecteur des sites classés a rendu son rapport le 7. Dans un congélateur, il venait de retrouver les échantillons prélevés en Afrique en avril 1999.
A cette époque, Suzan Fisher-Hoch, directrice du P4 lyonnais, aujourd'hui en instance de licenciement, animait au Liberia une session de formation pour des infirmiers, à la demande de Merlin, organisation humanitaire britannique. Une vingtaine d'infirmiers avaient servi de cobayes afin d'apprendre les méthodes de prélèvement. "Ils ne s'agissait pas de malades, affirme Thomas Halpern, avocat de la directrice. Ils étaient sains comme vous et moi." Le 26 avril, des rebelles envahissent le village. La scientifique et son époux, également chercheur, emportent les échantillons dans un sac isotherme et rejoignent la France, où, selon leur avocat, les prélèvements vont rester cinq moi