Douai correspondance
«Vous avez perdu le sens de votre mission. Cette faute d'abstention est extrêmement grave», a accusé hier la substitut du procureur de Douai, s'adressant au gardien de prison Gilles Durand (1). Ce surveillant a laissé se dérouler un passage à tabac d'un détenu par six autres prisonniers.
Le 3 juin 1998, Jean-Pierre, un «pointeur» (2), décide, pour la première fois après quatre mois de détention, de descendre dans la cour de la prison de Douai (Nord). Harcelé par un détenu, il admet être là pour des questions d'attouchements. La riposte est immédiate: plus de deux heures de coups de poing et de pied pendant lesquelles Jean-Pierre est forcé d'abaisser son pantalon, de faire des pompes, de se mettre à genoux, de crier «je ne recommencerai plus». Dans les autres cours, des détenus sont montés sur la coursive pour regarder le «spectacle». Jean-Pierre en sortira avec trois côtes cassées, le visage tuméfié, ses lunettes cassées, le nez en sang. Il est raccompagné dans sa cellule sans passer par l'infirmerie. Aucun gardien n'alerte la hiérarchie. Ce n'est que cinq jours plus tard qu'un psychologue signale les faits.
Vision du mirador. Le tribunal, hier, a cherché à déterminer si ces violences s'étaient déroulées avec la bienveillance du surveillant posté dans le mirador. Guy Dragon, l'avocat du gardien, admet que celui-ci a «mal évalué le danger, commettant une faute de service mais pas une faute pénale».
«Dès que j'ai vu qu'on le frappait, je me suis levé, mais on