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Libération

Les murs ont la peau dure.

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Les premiers pas hors de la prison sont souvent les plus difficiles. Des associations comme l'Estran ou l'Ilot offrent une aide d'urgence. Dérisoire par rapport à la détresse.
publié le 15 juillet 2000 à 2h19

Un jour d'avril 1998, Sylvie quitte Chowchilla, prison d'Etat du nord de la Californie. Elle vient d'y passer un an pour usage de crack. Quelques heures plus tard, elle est dans un avion à destination de Paris, capitale d'un pays où elle n'a jamais mis les pieds. Son pays, prétendent néanmoins les autorités américaines qui l'expulsent. Née à Monaco de parents français, Sylvie n'était qu'un bébé de 3 ans lorsque sa famille a émigré outre-Atlantique. Elle y a pris racine, en pensant qu'une naturalisation ne lui apporterait rien de plus. «Et à 43 ans, j'ai débarqué à Roissy, sans rien. On m'a pris le laissez-passer établi par le consulat de France avant mon départ. Ne me restait plus qu'un formulaire indiquant que j'étais interdite de séjour aux Etats-Unis pendant cinq ans, une valise et 500 dollars donnés par mon père.» Sylvie se revoit suivre un policier qui l'amène au poste de l'aéroport ; s'entend bredouiller des demandes dans un français hésitant. «Vous êtes libre», répond simplement le policier. «On m'a lâchée comme ça dans la nature. C'est là que je me suis souvenue de l'Estran, une association dont le consulat de France m'avait donné les coordonnées. J'ai appelé dès l'aéroport, vers 15 heures.» Au bout du fil, une certaine Catherine l'écoute et lui dit : «Prenez un taxi, je vous attends.»

«Je me sentais comme une sardine»

«Estran : portion du littoral entre les plus hautes et les plus basses mers», explique le dictionnaire. Mais au coeur du IXe arrondissement de Paris (10