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Libération

Les orphelins de la Shoah «indemnisés».

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L'Etat débloque un milliard de francs pour environ 10000 personnes.
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publié le 15 juillet 2000 à 2h19

Entre pique-nique et défilé militaire, la France a publié au Journal officiel du 14 juillet un décret qui institue l'indemnisation de quelque 10 000 orphelins juifs dont les parents sont morts en déportation. Ce décret clôt une partie du débat sur la restitution des biens spoliés sous la Deuxième Guerre mondiale: s'il s'agit bien de verser de l'argent à tout ou partie de la communauté juive, l'accent est mis davantage sur la souffrance morale que sur la privation matérielle. Le gouvernement français (Lionel Jospin et Jacques Chirac de concert) s'évite ainsi une dérive à l'américaine, où des avocats d'affaires réclament des milliards au profit d'héritiers qui n'ont pas tous souffert dans leur chair de la Shoah.

C'est l'aboutissement du combat singulier mené depuis vingt ans par Serge Klarsfeld, à la tête d'une association des Fils et filles de déportés: «Avant de penser aux ayants droit de biens matériels, il faut s'adresser aux victimes les plus vulnérables des persécutions.» Sur les 76 000 juifs déportés à partir du territoire français, 73 000 ne sont pas revenus des camps de concentration. Leurs orphelins sont peu nombreux (on les évalue entre 8 000 et 13 000): certains enfants ont été déportés avec leurs parents, d'autres sont morts depuis. Ces descendants de la Shoah sont majoritairement d'origine étrangère: leurs parents ne disposaient pas de réseau de solidarité pour échapper aux arrestations de la police de Vichy. «Les oubliés du système auront enfin quelque chose», se