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Libération

Les Russes tiennent à leur fleuron

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publié le 22 juillet 2000 à 2h27

Moscou de notre correspondante

«Rendez-nous le Sedov! Qu'allez-vous en faire? C'est une honte!», s'exclament la plupart des Russes interrogés dans les rues de Moscou, après avoir compris que leur interlocutrice est française. L'épopée de l'«arrestation» du «plus grand voilier du monde», battant pavillon russe à Brest, est sur toutes les lèvres.

Hier, les trois principales chaînes de télévision commentaient largement l'événement, ayant même dépêché une équipe de journalistes au tribunal breton. Selon des rumeurs, si le bateau devait rester à quai, un avion affrété par Moscou pourrait emmener ce week-end les plus jeunes matelots à Paris pour visiter la capitale en bus le tout organisé par l'ambassade de Russie.

«Otage». Même si les reportages insistent sur le sort des «pauvres jeunes» quasiment «pris en otage» dans un dossier qui les dépasse, le fond de l'affaire ­ le fait que l'Etat ne parvient pas à payer ses dettes ­ préoccupe les Russes. Une radio privée, Echo de Moscou, a lancé les débats en diffusant des réactions d'auditeurs répondant à cette question: «Faut-il rendre notre voilier à Noga?» A 85 %, la réponse est «non». Rares sont les voix dissonantes parmi les 1 800 personnes qui ont appelé la radio. Sauf une vieille femme, dont, ironiquement, l'argument reste «patriotique»: «Il faut rendre ce bateau. Parce qu'il est vieux, et parce qu'il n'est pas tout à fait russe. De plus, on ne peut se permettre un tel luxe alors qu'ici, en Russie, on n'a pas assez d'argent pour mange