Hier, la sélection par la «file d'attente», quand il fallait se précipiter à l'université désirée après avoir récupéré ses résultats au bac. Aujourd'hui, la sélection par l'«erreur Minitel», quand on a mal saisi ses choix sur les serveurs télématiques des académies. Demain? La sélection, quelles qu'en soient les modalités. Seule certitude: elles n'ont plus grand-chose à voir avec ce que l'université est censée offrir et évaluer du savoir et des méthodes , du moins en premier cycle. Plusieurs études ont montré que l'échec massif en Deug (60 %) se nourrit du désarroi des étudiants face à des conditions d'études indigentes: manque de place en amphithéâtre, travaux dirigés en «petits» groupes de cinquante, bibliothèques sous-dotées, insuffisance de l'encadrement en personnel enseignant et surtout non enseignant... Ce premier cycle ressemble plus que jamais à une jungle où le maintien d'un principe réputé «républicain» le refus de la sélection déboule sur un struggle for life que ne renierait pas le libéralisme le plus sauvage. Au détriment de jeunes issus de catégories socioprofessionnelles qui peinent depuis toujours à accéder à l'enseignement supérieur. Que ce système pénalise au premier chef ceux qu'il est censé aider semble n'émouvoir personne. La position syndicale et ministérielle consiste à déplorer le manque de moyens pour mieux réaffirmer le refus de toute sélection à l'entrée dans le supérieur. Le tout assorti de vibrants plaidoyers pour l'«égalité des chances».
Les effets pervers de la non-sélection.
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publié le 24 juillet 2000 à 2h30
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