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Libération

Les effets pervers de la non-sélection.

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Le premier cycle pénalise les plus défavorisés.
publié le 24 juillet 2000 à 2h30

Hier, la sélection par la «file d'attente», quand il fallait se précipiter à l'université désirée après avoir récupéré ses résultats au bac. Aujourd'hui, la sélection par l'«erreur Minitel», quand on a mal saisi ses choix sur les serveurs télématiques des académies. Demain? La sélection, quelles qu'en soient les modalités. Seule certitude: elles n'ont plus grand-chose à voir avec ce que l'université est censée offrir et évaluer ­ du savoir et des méthodes ­, du moins en premier cycle. Plusieurs études ont montré que l'échec massif en Deug (60 %) se nourrit du désarroi des étudiants face à des conditions d'études indigentes: manque de place en amphithéâtre, travaux dirigés en «petits» groupes de cinquante, bibliothèques sous-dotées, insuffisance de l'encadrement en personnel enseignant et surtout non enseignant... Ce premier cycle ressemble plus que jamais à une jungle où le maintien d'un principe réputé «républicain» ­ le refus de la sélection ­ déboule sur un struggle for life que ne renierait pas le libéralisme le plus sauvage. Au détriment de jeunes issus de catégories socioprofessionnelles qui peinent depuis toujours à accéder à l'enseignement supérieur. Que ce système pénalise au premier chef ceux qu'il est censé aider semble n'émouvoir personne. La position syndicale et ministérielle consiste à déplorer le manque de moyens pour mieux réaffirmer le refus de toute sélection à l'entrée dans le supérieur. Le tout assorti de vibrants plaidoyers pour l'«égalité des chances».