C'est le crash d'un symbole. Celui de la haute technologie franco-britannique de la fin des années 60 dopée par l'ambition du général De Gaulle, un rêve d'ingénieur pour une société prospère et futuriste. Et aussi l'emblème si précieux du confort et du luxe «à la française», avec son foie gras frais, ses oeufs brouillés aux truffes, ses champagnes millésimés et ses grands chefs, comme Alain Ducasse, récemment recruté par Air France. Pourtant, Concorde n'est jamais parvenu à devenir une vedette au hit-parade commercial du transport aérien: deux compagnies seulement l'exploitent, Air France et British Airways, pour une flotte actuelle de 13 appareils.
Construit de ce côté-ci de la Manche par Sud-Aviation devenu l'Aérospatiale, le prototype 001 de l'avion au nez de Cyrano franchit pour la première fois le mur du son (Mach 1) le 2 mars 1969 au dessus de Toulouse, siège de son constructeur. A peine un an après, le 102e vol d'essai casse la limite de deux fois la vitesse du son (Mach 2). Concorde devient le premier appareil civil supersonique. Les premiers vols avec passagers de ce drôle d'oiseau commencent en janvier 1976 sur les lignes les plus chics de la planète aérienne, les fameux Paris-New York ou Londres-New York.
Pas rentable. L'exploitation d'autres destinations ne sera jamais menée à bien: Concorde n'est pas assez rentable (même Paris-Rio a dû fermer). Trop cher pour le commun des mortels: 25 000 francs pour un aller simple jusqu'à la Grosse Pomme, plus d