Des corps mutilés par dizaines, éparpillés au milieu des débris noirs et fumants du Concorde, ici et là un morceau de fuselage et une partie du train d'atterrissage, c'est tout ce qui restait hier de l'avion. Les premiers témoignages de deux jeunes secouristes sont poignants: «Tout est concentré dans une étroite zone d'une trentaine de mètres de côté. C'est un amas de bois, de métal et de béton calciné d'où s'échappe encore une épaisse fumée nauséabonde et d'où émergent des poteaux de bois de la charpente de l'hôtel qui se consument», raconte l'un d'entre eux. Qui poursuit: «Tout est noir. La température est élevée. Dans cet amas, on distingue à travers la fumée, le nez cassé du Concorde. Quelques mètres en retrait, il y a une partie du cockpit et des instruments de bord sont encore visibles. Un morceau de la carlingue gît sur le flanc portant encore l'inscription Air, (la moitié du sigle Air France)». «Et puis, lorsque l'oeil s'habitue, à travers la fumée, surgit l'horreur, ajoute le second témoin. Par dizaines, des corps ou des morceaux de corps, affreusement mutilés apparaissent. Certains sont complètement carbonisés, d'autres outrageusement gonflés. Ici et là, des chaussures, des livres, des débris de bagages qui achèvent de se consumer...»
A Gonesse, devant la salle municipale transformée en chapelle ardente, des fourgons mortuaires font la navette. Les familles des victimes, attendues à Roissy hier soir, ont exprimé leur intention de se rendre directement dans la chapel