Les zones humides qui bordent l'estuaire de la Loire sont-elles sauvées? L'arrêt du Conseil d'Etat rendu hier pourrait en tout cas remettre en cause les programmes routiers et les projets de franchissement du fleuve qui les menaçaient. Vendredi, la plus haute juridiction administrative française a en effet «enjoint au Premier ministre de prendre les décrets» permettant l'application de la loi littoral aux communes riveraines des estuaires.
Désormais, «l'extension limitée de l'urbanisation des espaces proches du rivage» devra être «justifiée et motivée». Et pour les estuaires les plus importants, «les constructions et installations» seront «interdites sur une bande littorale de cent mètres». En théorie, les poissons qui naissent dans les marais et grossissent en mer sont donc sauvés.
Pression. Le 3 janvier 1986, le parlement votait la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, dite loi littoral. Etaient concernées: les communes «riveraines des mers et océan» et des «estuaires et des deltas». Mais si le gouvernement a publié les décrets qui permettent l'application de la loi littoral aux premières, il a obstinément oublié les secondes. Pendant quatorze ans. Sans doute parce que les pressions des élus partisans des grands travaux, qu'il s'agisse de la construction de ports, de ponts ou de routes, sont beaucoup plus efficaces que celles des poissons.
Le 2 février 1995 toutefois, Michel Barnier, alors ministre de l'Environnement, autorisait le cons