Est-il possible de produire du sel dans les marais de Guérande, sept mois après la marée noire de l'Erika? Les paludiers affirment que non, le Fipol, fonds chargé de dédommager les victimes des pollutions par les hydrocarbures, et l'assureur de l'Erika, jurent que oui. Mais les deux organismes ne veulent pas indemniser une éventuelle perte de récolte sans combattre. Et ils ont assigné la coopérative des producteurs de sel de Guérande, ainsi que 20 paludiers, devant le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire. Ils demandent qu'un expert soit nommé, qui serait chargé de déterminer si la production de sel est techniquement possible cette année, et quelle serait sa qualité. A l'audience, qui avait lieu hier, les paludiers ont finalement accepté devant le Tribunal la désignation d'un tel spécialiste. Et la présidente a renvoyé sa décision au 4 août.
Barrages. Bref retour en arrière. Le 26 décembre, lorsqu'ils apprennent l'arrivée sur les côtes des premières nappes de fioul lourd, les paludiers s'organisent. Il leur faut éviter à tout prix que l'image haut de gamme de leur produit soit polluée par la marée noire. Ils érigent des barrages en paille puis en terre pour protéger les étiers, ces canaux par lesquels les marais salants communiquent avec la mer. «Des dizaines de kilomètres d'étiers et de bondes innervent les marais. Il aurait été impossible de les nettoyer en cas de pollution. Il était hors de question de laisser passer la moindre boulette de pétrole dans les exploitat