Menu
Libération

La poste, banque des pauvres et sans pitié

Article réservé aux abonnés
Elle veut faire payer les chèques sur le livret A. Tollé.
publié le 2 août 2000 à 3h08

«Va-t-on demander à des démunis de débourser 2 % de leur RMI (2 500 F par mois, ndlr) pour obtenir un chèque?» C'est la question que posaient hier les associations caritatives, après la décision prise par la Poste de faire payer 49,20 francs pour chaque chèque postal émis à partir d'un retrait du Livret A. La mesure frappe particulièrement les quatre millions de ménages pauvres, disposant de revenus de 2 000 à 5 000 francs mensuels, clientèle que ne courtisent pas vraiment les banques. Nombre de ces familles n'ont pas de compte bancaire avec un carnet de chèques à la clé. Pour elles, le Livret A fait office de compte bancaire de fait. Pour les courses de la vie courante, ils retirent des espèces. Mais pour des dépenses telles que le loyer, les quittances d'eau, de gaz ou d'électricité, la facture téléphonique, ils se présentent au guichet de la Poste ou de la Caisse d'épargne pour obtenir un chèque émis par l'établissement au profit du bénéficiaire. C'est ce service que veut facturer la Poste.

«Exorbitant». Le concert de protestations qu'a suscité cette mesure a entraîné hier un ajournement jusqu'au 1er octobre. Mais le problème reste entier. «Le montant de 49,20 francs est totalement exorbitant au vu des sommes modiques que manipulent les familles en difficulté. C'est une façon d'accabler les plus pauvres, d'aller chercher de l'argent là où il y en a le moins», s'indignait hier Véronique Davienne, membre du secrétariat national d'ATD-Quart monde. La Confédération de la conso