«Dans l'affaire de Taiwan, j'ai beurré les deux côtés de la tartine, les balladuriens et les socialistes, mais j'ai oublié la tranche de jambon» aurait résumé Alain Gomez, l'ancien PDG de Thomson, en février (1). Une métaphore sur les commissions versées par sa firme à l'occasion des contrats de marchés d'armement passés à Taiwan. Christine Deviers-Joncour a livré l'anecdote, mercredi, à la juge Laurence Vichnievsky. «J'imagine que j'étais la tranche de jambon», a-t-elle remarqué. Trois réseaux d'intermédiaires avaient été mis en place par le groupe Thomson pour faciliter la signature du contrat des frégates militaires. Thomson avait refusé de payer «le réseau Elf», incarné par Alfred Sirven qui s'occupait ordinairement des fonds occultes d'Elf Aquitaine. La bisbille autour de cet «oubli» de Thomson dure depuis bientôt neuf ans, mais elle est en passe de faire exploser la marmite à commissions. Le dossier d'instruction, enrichi par les notes émanant de la firme, pose désormais la question de certains relais au plus haut niveau de l'Etat.
Ménage se défend. A l'Elysée d'abord. Dans une note manuscrite révélée, hier, par Libération, le nom d'un membre du cabinet de la présidence de la république est mentionné dans le cadre d'un partage de la commission du fameux réseau Elf. Il s'agit de Gilles Ménage, ancien directeur de cabinet de François Mitterrand (2). Ce dernier nous a indiqué, hier, qu'il n'était «jamais intervenu dans le dossier des frégates». «Cela n'était pas mon secteu