Le passage du Havre, un complexe immobilier aux abords de la gare Saint-Lazare, n'est pas seulement l'une des plus grosses ardoises héritées du Crédit Lyonnais. L'affaire est également en train de dégénérer en un de ces pataquès judiciaires dont le CDR (Consortium de réalisation, l'organisme public qui a hérité des affaires sensibles du Lyonnais) a le secret. La récente mise en enchère du passage du Havre (20 000 m2 de commerces, notamment la Fnac) devrait rapporter un milliard de francs, loin de compenser les 3 milliards engloutis par la banque. Pour pimenter le tout, le CDR cherche repreneur au moment même ou le litige avec le promoteur initial du projet est à son comble.
Le litige remonte au printemps 1993. Marc Berdugo, marchand de biens, est sommé par le Lyonnais de se retirer du jeu. En plein krach immobilier, son absence de surface financière donne des sueurs froides à son banquier. Un divorce amiable est signé à l'issue duquel le Lyonnais récupère 100 % de la SNC du Havre. Mais la rédaction de l'accord est tellement alambiquée que les tribunaux s'arrachent depuis les cheveux pour en interpréter le sens (1). En résumé, Berdugo devait céder au Lyonnais ses derniers actifs immobiliers pour 187 millions de francs, contre l'apurement de sa dette d'un même montant. Une simple compensation en apparence, sauf que l'accord ne dit rien de tel. Dès lors, les tribunaux ont été obligés de constater que le Lyonnais n'a jamais versé les 187 millions promis, que Berdugo est donc en d