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Libération

Toxicos sevrés, centre d'accueil fermé.

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Le village défend l'institution, jugée «néfaste et dangereuse» par la Ddass.
publié le 4 août 2000 à 3h12

Les Loges (Seine-Maritime) envoyée spéciale

Pour lui, cela a duré seize ans. Graphiste dans la pub, il a d'abord goûté à la cocaïne. Puis à l'héroïne. «On peut faire longtemps semblant de vivre normalement.» Jusqu'au moment où «on se sent basculer dans la folie et que l'on se retrouve dans des situations de violence où l'on ne se reconnaît plus». Alors, il y a les tentatives de décrochage avec traitement de substitution ­ «ça masque les problèmes» ­, les cures de sevrage à l'hôpital, les postcures. Et les rechutes. Un jour, on lui conseille le Bois des Loges. Cette grande bâtisse de briques rouges nichée au coeur de la campagne cauchoise, entre Etretat et Fécamp, en Seine-Maritime, reçoit des toxicomanes pour de longs séjours. Six mois plus tard, Bruno se dit prêt. Il a 40 ans et un projet: un stage d'infographie dans le sud de la France, où il vivra dans un appartement thérapeutique. «Ici, c'est un lieu qui sauve des vies», dit-il.

Pourtant, dans ce centre de postcure, unique en Normandie, «il est néfaste voire dangereux d'être pris en charge», affirme la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de Seine-Maritime. Motif: non respect des récentes directives ministérielles de prise en charge des dépendances. «Volonté délibérée de casser un système de soins», répliquent les éducateurs du centre. Soutien de tout le village, appui du maire, interventions de députés de Seine-Maritime, courriers de défense notamment du professeur Olievenstein et du Centre