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Libération

Les chasseurs grognent à l'ouverture.

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En début de saison, ils se plaignent de la suppression de 103 jours de chasse.
publié le 11 août 2000 à 3h22

Le Havre correspondance

L'aube point sur les marais, la courbe du pont de Normandie clignote encore sur la Seine, c'est bientôt l'heure de la «passée du matin». Durant ce court moment qui précède le lever du jour, on devrait voir des sarcelles, des chevaliers aboyeurs et des cols-verts s'envoler en recherche de nourriture. Léon, 74 ans, fils et petit-fils de gardien de pâturages, a passé la nuit dans l'un de ces gabions (abris de chasse) nichés dans les roseaux de la baie de Seine, à quelques kilomètres du Havre (Seine-Maritime). «On en a plein les yeux de regarder.»

A 6 heures, quelques coups de fusils éclatent au-dessus des roseaux. Officiellement, la chasse au gibier d'eau est ouverte, jusqu'au 31 janvier. «Ce n'est pas une ouverture, c'est un enterrement de première classe, lance un autre chasseur. Mais vous verrez, on ne se laissera pas faire.» Les chasseurs normands veulent faire savoir qu'ils ne sont «pas du tout contents» de la loi Voynet, qui a raccourci de près de 90 jours leurs périodes de chasse. On leur a volé «du temps de plaisir». Ici, en Seine-Maritime, les 2 500 membres de l'Association de chasse sur le domaine public maritime baie de Seine-pays de Caux (ADCPM) se sentent particulièrement en ligne de mire. Depuis une dizaine d'années déjà, à coups de blocages de zone industrielle ou de manifs devant la préfecture, ils luttent «contre l'industrialisation de l'estuaire, l'urbanisation du site et l'assèchement des marais», explique Gilles Ondet, directeur de l'AD