Tribunal correctionnel de Paris
Dans le box, Saïd, 18 ans, lance vers le public des regards amusés. Il a volé chez Ed, un employé a voulu le chasser et il a brandi un balai attrapé dans un rayon. Avec ses copains, il a crié: «Sale hindou, nique ta race!» Georgette, une caissière, l'a poussé dehors et il l'a aspergée de gaz lacrymogène. La présidente dit: «Vous n'avez jamais été condamné, vous vivez chez vos parents, gérants d'une boulangerie.» Elle commence à lire le PV des policiers, hausse les sourcils. «Alors comme ça vous avez refusé de répondre à l'enquêteur de personnalité, en vous disant majeur et dégagé de votre milieu familial. Comme c'est intelligent!» Saïd a quitté l'école il y a deux ans et, depuis, a travaillé «un mois». «Donc ça fait un mois sur vingt-quatre, susurre la juge, et peut-on vous demander vos projets?» Il veut être électricien, mais a un CAP de plomberie. La juge continue: «Si je lis bien, vous avez arrêté l'école, qui a été ravie de ne plus vous voir, et vous avez refusé un lycée à Créteil parce qu'il était petit et loin. C'est parfait, vraiment!» Elle le fixe sévèrement. «La prison n'arrange personne, mais au moins elle met la société à l'abri. Vous n'y êtes jamais allé...» Saïd se marre. La présidente s'énerve: «Vous voulez avoir cette palme, cette médaille?» Georgette s'avance. Gentiment, elle dit: «Je voudrais vraiment qu'il comprenne, il est si jeune.» Elle réclame 5 000 F pour l'agression. Saïd râle: «Désolé, mais ce qu'elle a eu, ça vaut pas