Ouvert en août. Parce qu'en «été, quand Paris se vide, des estomacs se vident aussi», dit Pierre Lanne, fondateur de l'association Août secours alimentaire. Ancien directeur des approvisionnements dans une firme sucrière, ce retraité de 68 ans est depuis longtemps impliqué dans le bénévolat. «Je me suis déjà occupé d'un centre d'accueil et d'écoute de personnes en difficulté. On servait des repas le midi. Mais en août, on fermait. Et puis, à la rentrée de septembre, je les retrouvais amaigries. Elles me disaient qu'elles avaient eu le plus grand mal à se procurer de la nourriture.»

En 1994, ce constat pousse Pierre Lanne à créer son association: «On ouvre tous les ans le 1er août et on arrête le 31.» Août secours alimentaire distribue aujourd'hui des colis alimentaires dans quatre centres à Paris (1).

Familles. En un mois, l'équivalent de 200 000 repas sont servis. Contrairement aux idées reçues, l'immense majorité des bénéficiaires qui défilent au centre de l'église Saint-Lambert (XVe) ne sont pas des sans-domicile fixe, mais plutôt des familles ou des individus isolés disposant d'un logement, représentatifs des 6 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (3 800 francs, selon l'Insee). Parmi eux, un ancien administrateur d'une société de spectacle. Avant, il gagnait près de 25 000 francs par mois. En 1992, sa société a déposé le bilan. «Une centaine de personnes ont été mises sur le carreau. Dans ces cas-là, si l'on n'exerce pas une pression quelconque, com