«La plus grande mobilisation chrétienne depuis les croisades», avait claironné Valeurs actuelles. «La catho pride», titrait plus ironiquement Libération avant la grand-messe papale de Longchamp. Elle avait rassemblé plus d'un million de jeunes sous les yeux étonnés des évêques français, en extase dans leur chasuble arc-en-ciel griffée par Castelbajac. «Miraculo!», pouvaient murmurer les prélats de la curie romaine sur une terre soumise au vent mauvais de Mgr Gaillot et, plus sûrement, d'une déchristianisation confirmée par tous les sondages chez les 18-25 ans. Bien sûr, les mouvements les plus militants de l'Eglise (Chemin néocatéchuménal, Focolari, Communion et Libération) avaient indiqué le chemin à suivre. Jean Paul II avait aussi mis une sourdine à ses injonctions tranchantes en matière d'éthique sexuelle. Mais le «pape show» avait attiré une frange de jeunes Français, moins cathos de choc que peace and love, venus sans ordre de marche précis, dans une confuse quête de sens et de sensations fortes. En concurrençant les foules polonaises de Czestochowa (un million de personnes en 1991), l'archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger, pouvait finalement se flatter d'avoir redressé la tête de la «fille aînée de l'Eglise». Mais pour quels lendemains transcendants? La question, légitimement, se pose au moment du remake romain.
Outre sa fierté retrouvée, l'épiscopat aimerait croire que l'esprit des JMJ a fait lever une nouvelle génération de chrétiens. Témoins les 70 000 jeunes Fra