Chambley envoyé spécial
Il désigne du doigt la vieille caravane au fond du jardin. La peinture est passée, le bas de caisse rouillé. «Voyez, celle-là, je l'ai payée avec des années de boulot. Alors, quand je vois celles qui passent vers l'aérodrome: dernier cri, avec la télé satellite, je me pose des questions. Surtout une: comment ils se les paient.» «Ils», ce sont les gens du voyage. Et, depuis deux jours, ils passent devant la maison de Marcel, à la sortie de Chambley, pour gagner une ancienne base militaire abandonnée par l'Otan, à deux kilomètres de là. Des centaines de caravanes qui vont se ranger sur un terrain de 150 hectares, dominé par une tour de contrôle aux vitres cassées. C'est ici que doit se tenir le rassemblement annuel de la mission évangélique Vie et lumière. 40 000 personnes sont attendues, pour des célébrations et des dizaines de baptêmes, du 24 au 27 août.
Rambo. Mais cet afflux gêne Marcel. «Je ne suis pas jaloux de leurs caravanes, remarquez. Mais on a eu trop de problèmes l'an passé. Pas moi, mais mon voisin. Cette année, il ne laisse plus sortir ses gosses. Et il a son fusil de chasse.» Le voisin en question ne veut plus voir une caméra de télé, «ni tout ce qui ressemble à un journaliste, dit-il derrière son portail. Les médias prennent toujours le parti des gitans, jamais celui des gens du coin». Marcel rigole. Et, en aparté, ajoute: «Les gendarmes lui ont dit de ne pas jouer à Rambo, car lui, ils le retrouveraient. Pas les gitans.» Dans les environs