Hier, à l'occasion du 4e anniversaire de l'évacuation à la hache de l'église Saint-Bernard, les six protégés d'Ababacar Diop ont été initiés au quotidien des sans-papiers de Paris. Venus en touristes du Sénégal pour «voir la France», ils se sont familiarisés avec la clandestinité. Ils ont entrevu la vie hors la loi, sur le fil du rasoir. Le tout sur un air de : «Regardez ce qui vous attend.» Invités d'honneur à la Maison des ensembles, où 350 sans-papiers s'entassent depuis un an, ils écarquillent les yeux, dans le dortoir comble. Moussa Sylla, porte-parole de la Maison de la rue d'Aligre, improvise un discours amer: «On est très heureux de vous accueillir dans cette galère, dans cette exclusion. Vous pourrez vous rendre compte de la réalité de nos situations.» Ibraïma est intrigué. Ce jeune homme, venu de Dakar avec le «charter de l'amitié» d'Ababacar Diop, se présente comme un éventuel candidat à l'immigration. Il se demande à quoi ressemble la vie d'un sans-papiers. «Vous vous cachez?» «Comment vous faites quand la police vous arrête?» «Avec quel argent vous mangez?» Un sans-papiers lui raconte: le travail au noir, les arrestations, et, pour manger, le pot commun à la Maison des ensembles. Ibraïma se fait son opinion: «J'ai tout compris! La France crée un système de misère pour vous pousser à partir. C'est du colonialisme.»
Plus tard, devant St-Bernard, les Sénégalais rejoignent plusieurs centaines de militants venus commémorer l'évacuation. L'un des six, Ousmane, un comme