Deux suicides en une semaine, des surveillants qui dénoncent un gros malaise et l'Observatoire international des prisons qui parle de «chasse à l'homme» contre les condamnés dans des affaires de moeurs. Voilà tracée l'ambiance qui règne au Val-de-Reuil (Eure), le plus grand centre de détention d'Europe, avec ses 800 places (400 longues peines, 400 courtes peines). Une situation symbolique de celle de l'ensemble des prisons françaises.
D'abord les malades mentaux qui peuplent les cellules: «Nous accueillons ici des détenus de plus en perturbés psychologiquement, même s'ils sont soignés par l'antenne SMPR (1), ils auraient plus leur place dans des hôpitaux psychiatriques qu'en détention», assure Philippe Doré, un responsable Ufap (2). Le constat n'est pas neuf; la ministre de la Justice s'en est inquiétée à plusieurs reprises et, en décembre, le docteur Pierre Pradier (3) avait sonné l'alarme, dans un rapport officiel où il dénonçait un «désastre psychique pour les malades mentaux en prison». «On ne peut manquer d'être frappé par (..) l'inexplicable présence en prison d'un nombre considérable de psychotiques identifiés.»
«Cas limite». De cette situation catastrophique découlent évidemment des problèmes sans fin. «Val-de-Reuil accueille de plus en plus de cas limites et de délinquants ou criminels sexuels, reprend Francis Colin de l'OIP, ce qui génère une grande insécurité tant pour la population pénale que pour le personnel de surveillance.»
Les deux hommes qui se sont pendus au