Rennes envoyé spécial
Claude Allègre était cerné. Car aux diatribes de ceux qui l'accusaient de «brader les savoirs» faisait sourdement écho la dénonciation, par le camp adverse celui des «militants pédagogiques» , de la «marchandisation» de l'école. Souvent présentés comme des partisans naturels des réformes, ces derniers ont, eux aussi, pesé dans l'agitation anti-Allègre. On en a eu confirmation cette semaine à Rennes, à l'occasion du 45e congrès de l'Institut coopératif de l'école moderne-pédagogie Freinet (Icem), un des mouvements pédagogiques les plus anciens, fondé sur l'expérimentation et la libre expression.
Records. On disait les promoteurs de pédagogies alternatives déprimés; erreur. Avec 600 participants, dont 45 % de non-adhérents, ce modeste congrès bat des records. L'Icem revendique 2 000 adhérents et plus de 30 000 enseignants «influencés». Les congressistes ont décidé de lancer, à la mi-septembre, un «appel» au regroupement des innovateurs.
Présent à Rennes, le fondateur, en 1981, du lycée expérimental de Saint-Nazaire, Gaby Cohn-Bendit, a lui aussi martelé ce credo sur l'air de: «Pédagos de tout le pays, unissez-vous, et vite!» Sur le tableau d'affichage du congrès, une petite annonce recrute un enseignant pour s'occuper d'une classe unique 6e-3e à Mulsanne, près du Mans, dans le collège de Marie-Danielle Pierrelée. Cette charismatique principale a été reçue par Jack Lang, et son «Manifeste pour une école créatrice d'intelligence», lancé au printemps dernier