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Libération

Quand les candidats se conduisent mal

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Les inspecteurs du permis se plaignent des menaces permanentes et du travail à la chaîne.
publié le 26 août 2000 à 3h43

Une pichenette. Un geste, comme par mégarde, qui tourne le rétroviseur côté conducteur. Le jeune homme qui fait souffrir les miroirs s'éloigne vite, sans un mot pour Jean-Pierre (1), toujours à bord de la voiture. «Evidemment, il l'a fait exprès. Mais il n'a rien cassé, on peut continuer. C'est le troisième qui l'a raté depuis ce matin. Et le premier énervé. Les autres, c'étaient des filles.» Jean-Pierre n'est pas plus inquiet que ça. Ce matin, c'est son cinquième candidat au permis de conduire sur ce parking d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il en reste trois avant midi. «Trois quarts d'heure pour vérifier s'ils savent conduire. Avec les formalités, ça fait même pas quinze minutes par personne.» L'insécurité et le surplus de travail, par manque d'effectifs, «ça fait de l'inspection du permis de conduire un boulot sinistré. Et même si le ministère veut embaucher, il aura du mal à trouver des gens prêts à se faire casser la gueule et à bosser à la chaîne pour 10 000 balles par mois. Ancienneté comprise». Lui exerce depuis douze ans et trouve que tout a changé. «Avant, on était vus un peu comme des profs, un peu comme des flics.»

Insécurité. Cette année, il a fait grève, deux fois, comme 60 % de ses collègues d'Ile-de-France. «Pour l'insécurité et les effectifs. Pour rien.» Un nouveau candidat se présente. 19 ans, sûr de lui et de sa conduite. «J'ai déjà ma voiture, je m'entraîne tous les soirs. S'il me file pas le permis, c'est un baltringue», glisse-t-il avant de grimpe