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Libération

Les gitans coincés dans le village du saturnisme.

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Près de Bordeaux, un tiers des enfants du «camp» sont touchés.
publié le 29 août 2000 à 3h47

Bordeaux correspondance

Certains l'appellent «le village andalou», d'autres «le camp». Dans la chaleur moite d'août, cela ressemble à un bidonville: maisonnettes lézardées, rues poussiéreuses, des enfants qui jouent au milieu des détritus. Dans les cahutes, vivent 244 gitans d'origine espagnole, dont 202 enfants de moins de 15 ans. Environ un tiers des plus jeunes seraient atteints de saturnisme, intoxication au plomb qui peut entraîner des troubles mentaux irréversibles: sur 63 tests sanguins déjà menés, 23 révèlent des taux supérieurs à 100 microgrammes par litre de sang, pour une moyenne «tolérable» fixée par l'Inserm à 36 mg.

«C est la malédiction», lance Jesus Garcia. Deux de ses huit enfants, Jesus, 7 ans, et Antonio, 4 ans et demi, «ont la maladie». Il le sait depuis que Médecins du monde a mené une série de dépistages le mois dernier, dans le cadre d'une campagne nationale contre le saturnisme. Et il est «très en colère». Parce que cela fait des années qu'il a déposé une demande de relogement auprès des services sociaux.

Décharge municipale. Les Garcia sont des calé: leurs grands-parents ont quitté l'Espagne lors de la guerre civile, à la fin des années 30, pour se sédentariser à Bordeaux. Les autorités locales ont fini par construire un camp, aux confins de la commune, sur une ancienne zone de décharge municipale perdue au milieu des marécages. «On ne veut pas rester là, mais personne ne veut de nous, c'est du racisme», dit Jesus Garcia. Au «village», il est l'un des r