C'est un pèlerinage. Mais les pèlerins sont de moins en moins nombreux au fil des jours. Ce week-end, trois d'entre eux sont partis visiter l'Italie. Lundi, on se recueille rue de la Mare, dans les hauts d'un Belleville riche, il y a quelques années encore, de squats peuplés d'Africains sans papiers. Mais là n'est pas la leçon du jour. Ababacar Diop fait visiter une ancienne maroquinerie aux deux rescapés du «charter de l'amitié»: «C'est ici que j'ai été élu délégué. Ici que les sans-papiers sont venus dormir, avant d'investir l'église Saint-Bernard. Ici, j'envoyais les fax, je passais des coups de téléphone. Parce que nous, les sans-papiers, on n'avait pas de moyens.» Le 23 de la rue de la Mare abrite le siège du syndicat SUD. Ababacar s'excuse: «Notre délégation n'est pas au complet.» Qu'importe. Trois militants, chargés de présenter leur syndicat aux Africains convoquent d'abord les bons souvenirs de la grande époque.1996, Saint-Bernard, la mobilisation de l'opinion publique, le travail main dans la main. Les pèlerins écoutent. Reconnaissants. La leçon du jour leur fait chaud au coeur: c'est la France solidaire.
On se lance dans l'historique de SUD: sa naissance en 1989, son inscription dans les «luttes citoyennes». Papa Omar marmonne. Hum, Hum. Ponctue d'une onomatopée convaincue les mots importants. «Notre charte», «nos valeurs». Question: «Votre syndicat s'est-il développé grâce à un personnage charismatique?» Comme Ababacar? Rires. «Non, SUD c'est vraiment une équipe,