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Libération

Un joli petit coin de Provence qui sent bon la merde

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Une plate-forme de recyclage de boues d'épuration a surgi, cet été, à Vaumeilh. Le village gronde. Le maire patauge.
publié le 29 août 2000 à 3h47

Vaumeilh envoyé spécial

En temps normal, l'aérodrome de Vaumeilh est un paradis pour les amoureux du vol à voile. D'ici, à quelques kilomètres au nord de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), les planeurs vont taquiner le Mont-Blanc, le Cervin ou la baie de Saint-Tropez. Mais, à leur retour sur terre, les accros de l'air pur n'apprécient guère ce tas de boues puant apparu subrepticement au début de l'été, sur une falaise en bordure de la piste d'atterrissage, au-dessus d'une boucle verte de la Durance.

Dans ce village de 250 habitants, les riverains aussi se bouchent le nez, selon la direction du vent. Robert Perard, le patron du restaurant de l'aérodrome, a baptisé ça «brise de Janus», du nom de son auberge. «Cette mauvaise odeur fait tourner le pastis», a noté un client sur le cahier de doléances. Et la révolte gronde: les habitants craignent de voir leurs efforts pour développer le tourisme vert et la production fruitière anéantis par la mauvaise réputation. «On ne veut pas devenir la poubelle de la Côte d'Azur», clament-ils. Car ces boues ­ qui, mélangées à des végétaux, doivent devenir du compost ­ proviennent de la station d'épuration de Cannes, à 200 km de là.

Deux cents Allemands qui râlent. Bien que nauséabonde, l'affaire est parfaitement légale: la société Terreaux Service Varrone, basée à Thorenc (Alpes-Maritimes), a loué ce bout de champ à un GFA (groupement foncier agricole) local et effectué la déclaration nécessaire en préfecture (1). Certes, Varrone a commencé par