Pionnat (Creuse)
envoyée spéciale
Madeleine s'avance, son petit-fils Noé, 6 mois, dans les bras. En grenouillère bleu pâle, une tétine dans la bouche, le bébé sourit, accroche ses petits doigts dans les plis de la robe noire de sa grand-mère. Elle relève la tête: «Je demande la mort.» Une dizaine de jeunes enfants s'approchent d'elle, la regardent. Madeleine poursuit: «Chez les gitans, le pardon n'existe pas pour ça. Je veux la mort.» De longs cheveux noirs encadrent son visage, les enfants tirent sur le bas de sa robe de deuil, sautillent, babillent, elle n'entend rien, ne parle que de «colère». Colère contre celui qu'elle ne veut pas appeler son fils, Mickaël, 18 ans. Il a reconnu mardi avoir violé puis tué sa petite soeur de 4 ans, Mickaela.
Sa belle-soeur, venue de Bordeaux pour la soutenir, s'avance aussi, debout à ses côtés. «Toute la famille est là. Pour demain, pour l'enterrement.» De nouveaux enfants très bruns sortent des quatre caravanes, disposées en carré autour d'une petite cour où se promènent poules et faisans. «Les enfants savent très bien ce qui se passe. Ils comprennent. Le jumeau de Mickaela, Saint-Jacques, va très mal. C'est sa soeur, c'est son corps.» Le père, Antoine Wintersheim, 54 ans, est sorti à son tour, en noir lui aussi. «Ça suffit de parler de cette histoire, c'est fini», dit alors Madeleine. Elle tourne le dos. Ses enfants la suivent.
Caravanes. Sur le bord de la route qui relie le campement des Wintersheim au lieu-dit Le Chier, des vêtements sont