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Libération

Le serment à mort d'une mère à son fils handicapé.

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A 71 ans, elle a empoisonné son enfant de 44 ans, pour qu'il «ne souffre plus».
publié le 2 septembre 2000 à 3h56

Lyon envoyé spécial

Qu'est-ce qui fait qu'une mère ne voit plus en son fils qu'un être pétri de souffrance au point de le tuer? C'est la question que se posent depuis cinq jours à Lyon des policiers, des magistrats et des travailleurs sociaux. Parce qu'une femme de 71 ans est venue sonner lundi matin à la porte d'un cabinet d'avocats, à proximité de la place Bellecour. Elle est vêtue de noir, comme si elle était en deuil; elle porte trois valises et un sac en plastique rempli de factures, comme si elle s'était préparée pour un grand départ. A Me La Phuong qui s'étonne de la voir arriver ainsi équipée, elle répond que c'est parce qu'elle va en prison. Et elle ajoute: «J'ai tué mon fils. Je lui ai donné des comprimés. Appelez la police et le procureur.» Ce n'est pas une fuite qui s'achève dans le bureau d'un avocat. Cette femme n'a nullement l'intention de se soustraire à la réalité. Au contraire, elle va déclarer aux enquêteurs dans les heures qui suivent qu'elle est «soulagée» parce que, dit-elle, «son fils ne souffre plus».

C'est «une femme qui est au-delà des larmes», selon Me La Phuong, que les policiers conduisent au commissariat du VIIe arrondissement de Lyon en lui portant ses valises. En garde à vue, elle va raconter les derniers instants de quarante-quatre années de cette vie avec son fils, qui s'est achevée la veille au soir.

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