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Conseils et buffet froid

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publié le 6 septembre 2000 à 4h03

Je me revois l'an dernier, cherchant mon nouveau collège au milieu d'un entrelacs de petites ruelles, non loin d'une église. Je me revois, découvrant ce gros cube de béton moche, au milieu de la cité, non loin du Leclerc. Cette année, je fais partie des meubles. Lundi matin, tout le personnel est rassemblé pour le traditionnel discours du principal. Nous sommes 150. Dont 90 profs. Dont 35 nouveaux. Je rejoins les anciens, qui bavardent au fond de la salle, comme de joyeux redoublants. Ils ont entre 25 et 30 ans. Je suis content de les voir. Les nouveaux prennent des notes, aux premiers rangs. Au micro, le principal plante le décor: ici, certaines familles payent l'eau courante à la carte. Se chauffer en hiver est un luxe. On rencontre des cas de malnutrition. Mais la rentrée s'annonce bien. Le réfectoire a été repeint. Seuls quatre postes ne sont pas pourvus. Et la tuberculose, apparue l'an passé, n'a finalement touché qu'une élève. Ses professeurs sont tout de même priés de consulter un médecin. Fin du discours. Je retrouve mes collègues de français. On débat programmes, manuels non conformes, quotas de photocopies et fournitures scolaires. Classeur ou cahier? Petit ou grand format? Bic ou stylo plume? Et qui a des projets? Un bellâtre à lunettes, fort de deux ans passés dans un collège voisin, se propose d'animer un ciné-club, de faire un journal, et de nous initier (sic) à l'enseignement du français langue étrangère. Il m'énerve. A midi, la direction reçoit: buffet froid