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Libération

Le romancier poursuivi par celui qui l'a inspiré.

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Condamné pour meurtre, Jean-Louis Turquin réclame l'interdiction du livre basé sur sa vie.
publié le 6 septembre 2000 à 4h03

Un auteur a-t-il le droit de s'approprier les protagonistes d'un célèbre fait divers récent pour en faire une fiction, voire une autofiction? Cette vieille question à la mode était jugée hier devant la XIVe chambre de la cour d'appel de Paris. Le vétérinaire Jean-Louis Turquin, condamné en 1997 à vingt ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de son fils Charles-Edouard, demande l'interdiction sous astreinte de 500 francs par exemplaire publié, de Mariage mixte, le troisième roman de Marc Weitzmann, publié par les éditions Stock.

Adoubé. L'affaire débute le 28 juin, quand le magazine Lire publie un long extrait du livre de cet auteur. Marc Weitzmann est porté par la rumeur parisienne: critique littéraire aux Inrockuptibles, il a été intellectuellement adoubé dans le Monde par l'écrivain Philippe Sollers. Son livre est inspiré du procès Turquin ­ inspiré seulement: les personnages, tous rebaptisés (sauf l'enfant, Charles-Edouard), sont réinventés. Ils renvoient Weitzmann à ses problèmes d'identité (sa famille, ses origines juives).

Le 12 août, se fondant sur les extraits publiés dans Lire, Jean-Louis Turquin demande en référé la communication de l'ouvrage, pas encore en librairie, et la suspension pour un mois de sa publication. Le tribunal le déboute et le condamne, quatre jours plus tard, à verser 10 000 francs aux éditions Stock. Turquin interjette appel, mais, entre-temps, le livre a été publié (8 520 exemplaires vendus, dit-on à l'audience), et Jean-Louis Turquin, qui