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Libération

«Monsieur le ministre, Jack, Jack!»

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Jack Lang a visité une école, entouré par une nuée de journalistes.
publié le 6 septembre 2000 à 4h03

Comme à chaque rentrée, les enfants ont préparé de petits écriteaux: une feuille de papier à carreaux pliée en deux, le prénom écrit dessus en belles minuscules arrondies, le tout en évidence à côté de la trousse. Mais cette année, les écriteaux sont par terre, les trousses renversées, les pupitres chamboulés. «Poussez-vous, dégagez!» Un homme en gilet multipoches brandit un téléobjectif devant les bouilles médusées des petites Justine et Soraya. Il écarte un «collègue» de la main, saute par-dessus une table, semble se rapprocher de l'instituteur mais l'écarte lui aussi et dégaine: «Monsieur le ministre, Jack, Jack!»

Armée. Pour sa première rentrée, le ministre de l'Education nationale, Jack Lang, a choisi de rendre visite à la classe de CM2-A de l'école Sorbier, dans le XXe arrondissement parisien. Mais il n'est pas venu seul. Une armée de journalistes, photographes et cameramen s'est déployée dans les allées, sur les tables, près du tableau. Une petite voix couine dans le dos du gilet multipoches: «On voit plus rien!» L'instituteur tente un discours de bienvenue: «Merci monsieur le ministre pour votre soutien. Nous sommes vraiment heureux que...» «LCI, pousse-toi!, coupe une basse tonitruante. T'es toujours dans le champ, maintenant tu t'alignes comme les autres.»

L'instituteur se retranche derrière son pupitre. Le pot à crayons est renversé, le dévidoir à scotch cassé en deux. «C'est pas grave, murmure-t-il. L'important, pour nous, c'est que le ministre vienne nous voir, re