Ce ne serait qu'une histoire de «bonne» marocaine, une de plus, si l'employeur ne s'appelait Tahar Ben Jelloun. Mais l'écrivain d'origine maghrébine le plus lu en France, prix Goncourt en 1987, auteur en 1998 d'un livre à succès qui a été inscrit au programme à l'école, le Racisme expliqué à ma fille, ne peut pas faire venir une «fille du pays» et l'exploiter, comme c'est courant dans son pays d'origine, sans que l'écart entre sa posture publique et sa conduite privée ne se remarque . D'autant que des ennemis personnels se sont emparés de l'affaire en saisissant le Comité contre l'esclavage moderne. «Parano» de son propre aveu, l'écrivain a alors cru que des inconnus au Maroc, peut-être haut placés, voulaient «salir sa réputation», voire le «liquider». Et il a remis en question son dernier roman, qui devait paraître en janvier, sur le bagne de Tazmamart, un mouroir du temps de Hassan II.
Fatna S., 34 ans
Voici, à grands traits, l'histoire de Fatna S., née à Rabat il y a 34 ans. A la fin des vacances dans leur pays natal, l'année dernière, Tahar Ben Jelloun et son épouse, Aïcha, décident de l'emmener à Paris. Fatna ayant déjà travaillé en France, chez un diplomate marocain qui ne lui a pas rendu son passeport en la congédiant, il faut obtenir de nouveaux papiers et, aussi, un visa. L'écrivain s'en charge. Au consulat de France à Tanger, il obtient un visa de complaisance pour un séjour de trois mois. «J'ai expliqué le cas, et on me l'a accordé», dit-il. C'est succinct. Car il n'y avait rien à