Toulouse de notre correspondant
Il y a bien quelques artistes qui viennent y faire «un peu de peinturlure». Mais les squatters de la rue Queven, à Toulouse, ont d'autres ambitions. «C'est un squat politique, ici.» La terrasse sur les toits du quartier des Chalets invite peut-être Emmanuel et François à ne pas redescendre des nuages. Ils ont pourtant les pieds sur terre en résumant leur «stratégie» pour l'édification d'un monde alternatif: «Y a des trucs qui marchent, d'autres moins.» Le «truc» qui n'a pas marché du tout relève du domaine judiciaire. Le tribunal des référés les a condamnés mercredi à évacuer les lieux dans les quinze jours à compter du 7 septembre.
La moquette des escaliers est râpée jusqu'à la corde. Mais les boiseries rococo, les miroirs au plafond et les sofas de velours sont bien en place dans les salons. Thérèse et Annelyne ont seulement à vérifier que les fenêtres sont bien barricadées, en prévision de l'assaut policier. Parce que les alternatifs de la rue Queven n'ont surtout pas l'intention de quitter les lieux par eux-mêmes. Il s'est passé «trop de choses» dans les trois étages de cet immeuble du centre-ville qui a abrité un claque jusqu'en 1973. «C'est devenu un atelier de l'autogestion et de la vie autrement. Où tout est décidé sans vote, dans le consensus», reprend François. Lui a un CAP de photographe. Il était parti faire des clichés en Bosnie il y a cinq ans. Il est revenu à Toulouse quand la rue bousculait tous les jours le plan du Premier minis