Saint-Jean-la-Neuville
(Seine-Maritime)
envoyé spécial
Ala rentrée, un petit garçon de 4 ans n'a pas pu aller dans l'école que ses parents avaient choisie pour lui. La directrice l'a refusé quand elle a su qu'il s'appelait Tanay. Tanay, comme sa soeur Emilie, morte le 11 juin 1994, après avoir absorbé un sirop de Josacine empoisonné avec du cyanure. Aujourd'hui, le chagrin est dans le regard de Corinne, sa mère, et la colère dans ses mots. Ils disent l'injustice dont elle et sa famille se sentent victimes.
Six ans après la mort d'Emilie, il n'y a pas que son absence qui taraude Corinne Tanay et Denis, son mari. Il y a aussi cette hostilité persistante, ces médisances tenaces dont ils s'affirment encore la cible, comme aux pires heures, quand le pays de Caux où ils vivent ne parlait plus que de «l'affaire de la Josacine empoisonnée».
A l'époque, Corinne et Denis Tanay n'avaient pas dit un mot pour faire taire la rumeur. Le couple était resté fidèle à cette promesse de silence, faite au juge d'instruction et à leur avocat.
Dès le décès d'Emilie, c'est toute une région qui s'est emparée de ce fait divers. Avant de s'enflammer pour le débat sur l'innocence ou la culpabilité de Jean-Marc Deperrois. Le 25 mai 1997 à Rouen, Deperrois était condamné à vingt ans de réclusion par les assises de Seine-Maritime. Selon la thèse de l'accusation, il aurait versé le cyanure dans la Josacine pour se débarrasser de Jean-Michel Tocqueville, le mari de sa maîtresse. Mais l'antibiotique était destiné