Au jardin d'enfants Perceval, à Chatou (Yvelines), les murs sont roses et bleu pastel, il y a des paniers de pommes sur les chaises et de grands tournesols dans un vase. John et Colin, deux bambins de 5 ans et demi, s'affairent autour d'une minitable, l'air hautement préoccupé. Ce sont eux qui, cette semaine, sont chargés de mettre le couvert du déjeuner. Apparemment, ils ont un gros différend de méthode. «Mais nooon! Les p'tites cuy-lières, y faut pas les mettre comme ça!» La maîtresse les regarde, l'oeil attendri. «Ça fait partie de la pédagogie Steiner de laisser faire les enfants. On recrée un cadre familial où ils se sentent libres, comme à la maison.» Fondée en 1957, l'école Perceval de Chatou accueille 380 enfants, du jardin d'enfants à la terminale. Privée, mais sous contrat, c'est-à-dire subventionnée et contrôlée par l'Education nationale, elle «s'inspire» pour sa pédagogie des idées de Rudolf Steiner, fondateur de l'anthroposophie.
«Guten Tag». «Les théories de Steiner sont des hypothèses de travail, sûrement pas des paroles d'Evangile», annonce d'emblée Isabelle Ablard, professeur responsable des classes de 6e. Dans la cour, des bambins aux blouses tachées de peinture jouent à chat perché. Pour rentrer en classe, ils ne se mettent pas en rang, mais s'engouffrent au fur et à mesure, en n'oubliant pas de serrer la main au professeur qui les attend. «Guten Tag, Frau Vetter!» «Guten Tag, Marine!» Assis en rond, les élèves discutent tranquillement en allemand. «Ils n