Bourges envoyée spéciale
Sur la table empruntée à la sacristie, les cornichons, le pâté et les croissants côtoient les cierges sacrés du «Christ de l'apocalypse». Par terre, au pied du grand orgue, six têtes ensommeillées émergent difficilement de leurs sacs de couchage. Jusqu'à vendredi dernier, Sophiane, Patrice, Olivier, Manu, Jérémy et Neness étaient les rois des nuits berrurières. Aujourd'hui, ces patrons et serveurs de bars mènent une vie «monacale», enfermés à 19h30 par l'inflexible chanoine de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges, réveillés à 8 heures par les premiers groupes de touristes venus visiter ce monument classé «patrimoine de l'Unesco».
Arrêtés préfectoraux. Trois jours et trois nuits d'occupation qu'ils vivent comme une «protestation ultime contre la politique antijeunes et antihomos de la préfecture». «Les politiques voudraient qu'on fasse la fête pendant cinq jours au Printemps de Bourges, puis qu'on éteigne les lumières et qu'on soit sages pendant un an, bâille Jérémy. Les jeunes ont le droit de s'amuser, même en centre-ville.»
A l'origine de leur colère, deux arrêtés préfectoraux pris début septembre. Le premier supprime la dérogation de fermeture tardive de L'Iguana, un bar du centre-ville attirant de nombreux étudiants et lycéens, et l'oblige à fermer à minuit trente au lieu de 3 heures du matin. Le second ordonne la fermeture pour un mois de L'Interdit, seul bar homosexuel de la ville. «Ces arrêtés s'appuient sur de nombreuses plaintes de riverains p