On pourrait écrire un feuilleton avec les procès pour diffamation intentés par Le Pen. Hier, c'est un roman que la cour d'appel de Paris a condamné. En confirmant la décision du tribunal correctionnel envers Mathieu Lindon et son éditeur POL pour le Procès de Jean-Marie Le Pen. Le livre raconte le dilemme d'un avocat dont le client militant du FN est accusé du meurtre d'un jeune Maghrébin. Le propos de l'auteur est clair: «Comment combattre efficacement Jean-Marie Le Pen.»
Ce n'est pas cela que lui reprochent les juges: «La légitimité du but poursuivi à travers ce roman, c'est-à-dire la conduite d'un combat politique, n'est pas discutable dans une société démocratique», assurent-ils, mais certains passages de l'ouvrage le sont. Trois en fait, alors que Le Pen et le FN en poursuivaient cinq et que le tribunal en avait retenu quatre. Entre autres exemples: «L'affirmation selon laquelle Jean-Marie Le Pen n'est pas le président d'un parti politique, mais chef d'une bande de tueurs.» Ou encore lors du procès de l'assassin, cette phrase: «Chaque propos de Le Pen est riche ou pauvre, misérable d'un racisme au mieux diffus derrière lequel on peut voir le spectre des pires abominations de l'histoire humaine.»
En vain, l'auteur journaliste à Libération et l'éditeur se sont bagarrés sur le terrain de la liberté d'opinion, au nom de laquelle on ne peut sanctionner l'auteur d'un jugement de valeur. Et ont en vain soutenu que des propos «aussi violents et diffamatoires ont déjà été