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Libération

La facture sordide de la RATP.

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La famille de la victime d'un accident sommée de payer les dégâts.
publié le 16 septembre 2000 à 4h23

Les audiences de justice ont ceci d'intéressant que s'y dévoilent assez souvent les petits coups tordus et mesquineries dont sont capables des parties adverses pour emporter la conviction d'un juge. Ou ennuyer l'importun qui les traîne en justice. En l'occurrence, la 16e chambre correctionnelle de Paris, sous la présidence d'Hervé Stephan, a eu un aperçu des pratiques grippe-sou de la RATP.

En bref, l'histoire, qui date de 1997, est la suivante. Un homme âgé de 69 ans, Benjamin B., sort de bon matin de chez lui, dans le VIIe arrondissement de Paris. Il traverse l'avenue Bosquet sur un passage piéton, et, par réflexe, regarde en direction des voitures qui s'avancent sur cette voie à sens unique. Distrait, il ne prend pas conscience qu'il traverse un couloir de bus et que, justement, un véhicule de la RATP remonte en sens inverse de la circulation. L'accident est redoutable. Un témoin racontera: «Le choc a été immédiat et très violent. Le piéton a été heurté par l'angle avant droit du bus, puis il a été projeté en avant très loin. Il ressemblait à un pantin désarticulé qui faisait des pirouettes. [...] Il m'a fait penser à un projectile.» La suite est inéluctable. L'homme décède. Traumas crânien et thoracique.

Ses filles et sa femme engagent des poursuites pénales contre le chauffeur de bus. L'affaire se solde par un non-lieu. Mais la famille réclame des dommages et intérêts au civil. La chambre qui a jugé l'affaire pénale examinait vendredi les suites «financières» de ce décès.