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Libération

Les prêtres ne suivent pas Rome dans sa guerre de religion.

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L'Eglise est divisée sur le texte dénigrant les protestants.
publié le 16 septembre 2000 à 4h23

Le Vatican ne facilite pas toujours la vie de ses curés. Le 5 septembre, Rome leur a glissé une peau de banane sous le pied, sous la forme d'une déclaration baptisée: «Dominus Iesus». Ce texte autoritaire, rédigé par le cardinal Joseph Ratzinger, président de la Congrégation pour la doctrine de la foi (sorte de ministère de l'Intérieur de l'Eglise), proclamait, entre autres gracieusetés, que l'Eglise catholique est la seule détentrice de la révélation divine et qu'elle est aussi «mère» et non «soeur» des autres Eglises chrétiennes. Qu'elle refuse, en somme, le statut d'Eglise pleine et entière aux autres religions chrétiennes, et en particulier aux protestants.

Dans la forme et dans l'esprit de réaffirmation rigide d'une identité catholique en état de siège, le texte est à l'opposé des propositions nuancées et conciliantes de Vatican II. Et chamboule quelque peu quarante ans de pratique paroissiale fondée sur l'ouverture aux autres confessions chrétiennes.

Impasse. Comment, dès lors, les prêtres de base, voués à une pratique de plus en plus difficile de leur sacerdoce, peuvent-ils se débrouiller de cette déclaration? Tous les religieux sollicités ont tenu à préserver leur anonymat. Un prêtre, habitué des rencontres entre jeunes, compte bien évacuer la prose vaticane: «Soit l'institution, comme nous le croyons, est importante, et ses paroles doivent être prises en compte. Soit on fait comme si de rien n'était, et alors cela revient à dire que l'Eglise n'a aucun poids. Pour ma p