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Libération

Les petites combines d'Air France

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Emplois fictifs, montages financiers douteux, les dossiers s'accumulent.
publié le 21 septembre 2000 à 4h33

Air France, comme d'autres compagnies, a un faible pour les paradis fiscaux. Hier, à l'occasion de son assemblée générale, des actionnaires minoritaires, membres du Collectif UTA (1), ont posé une question toute simple: «Pour quelle raison le versement des redevances de survol du territoire de la Fédération de Russie par Air France a été effectué sur un compte suisse dont l'ayant droit économique est Boris Berezovski?»

La justice helvétique se pose la même question depuis un an, jusqu'à prononcer le mot de «blanchissage» (en Suisse dans le texte). Berezovski, principal oligarque russe, actionnaire entre autres d'Aeroflot, est soupçonné de ponctionner la compagnie aérienne au profit de Forus, société basée à Lausanne. L'homme s'en est défendu, soulignant que les sommes versées en Suisse par Air France, Lufthansa, British Airways, Alitalia ou KLM, de l'ordre de 120 millions de dollars par an, ont permis à Aeroflot de s'acheter des Boeing 777.

«Pas le choix». Répondant à la question posée, le président d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, n'a pas démenti: «Nous ne versons pas des chèques directement à monsieur Berezovski, mais à une société qui représente Aeroflot.» Mais pourquoi payer à une coquille suisse ce qui doit normalement revenir à l'Etat russe? «On n'a pas le choix, répond Air France. Tout le monde doit payer là.»

Depuis deux ans et demi, le dossier Air France, ouvert à l'initiative du Collectif UTA, traîne chez le juge d'instruction Jean-Pierre Zanoto. Il dispose d'un rap