Jugement de Salomon pour une crucifixion. Le premier président de la cour d'appel de Metz, Marcel Martin, et le procureur général, Georges Garrigues, ont annoncé hier soir que la salle 23 du palais de justice, celle des assises, garderait son imposant tableau (3,5 m de haut sur 1,5 m de large) du XIXe siècle représentant le Christ en croix. Toutefois, afin de préserver la laïcité du lieu où la justice se rend au nom du peuple français, le Christ aura, à titre provisoire, la face voilée d'un rideau blanc. Le tissu est déjà posé: il fallait que tout soit prêt pour la prochaine session d'assises.
Pourtant, le palais de justice de Metz y tenait à son Christ en croix. D'ailleurs, jusqu'à une date récente, personne ne s'était offusqué de le voir là. En 1905, lors des lois de séparation de l'Eglise et de l'Etat, la Moselle est allemande. En 1918, rendue à la France, la région reste sous régime concordataire et la toile à sa place. Et, il n'y a guère que cinq ans, un avocat du barreau de Metz, Daniel Delrez, se bat comme un diable pour qu'elle soit enlevée. Mais, en avril dernier, le président de la cour d'assises, Alain Pierre, demande à Francis Heaulme la vérité en échange du «pardon divin». «Dieu n'a rien à faire ici», réplique l'avocate du tueur. Le procès est reporté.
Afin de trouver une porte de sortie à une affaire devenue embarrassante, Marcel Martin et Georges Garrigues décident donc d'organiser une série de référendums. Tour à tour, les magistrats, les greffiers, les secréta